Extraits d’ Envols Numéro 289 – Juin 2016
« Je suis venu à Rawa-Ruska en août 42 après une évasion non réussie près de Stuttgart, J’ai retrouvé mes camarades. En septembre, après des jours terribles à Ludwigsburg, j’ai pris le train pour Rawa-Ruska. Nous avons passé 8 jours dans un train sans sortir, sans boire, ni manger. On nous faisait descendre le long de la voie ferrée pour les besoins urgents. Nous ne connaissions pas Rawa-Ruska.
Lorsque nous sommes arrivés à l’entrée de Rawa-Ruska, à 50 mètres le wagon s’est arrêté. Si on ne descendait pas assez vite, les allemands hurlaient, tapaient à coups de crosse, nous balançaient comme des sacs de pommes de terre. On a retrouvé des copains d’évasion, de régiment, soulagés de savoir qu’ils étaient encore là. Mais on nous avait dit : « on va vous mettre dans un camp vous allez rentrer, mais plus jamais sortir ».
J’ai réussi à sortir deux mois après, pour Kobierzyn, puis Varsovie dans un camp de sous-officiers réfractaires.. Un convoi partait pour travailler en Allemagne, j’ai été volontaire. Arrivé à Vienne, au Stalag XVII A, j’étais trop jeune, si bien que le contremaître m’a tiré un coup de revolver dans le dos. Il m’a raté, la balle m’est passée sous le bras. Il m’a envoyé pour des travaux de fortification (5 000 à 6 000 gens du Kosovo, de Tchécoslovaquie, d’Autriche, d’indésirables, en punition).
Un jour, un gardien me dit : «ce soir, on va te couper les cheveux à ras». J’avais un ami, Léon, je lui ai dit : « aujourd’hui je m’évade pendant les travaux dans le bois ». Il y avait des rondins, de l’eau (le Danube). Retourné à Vienne, je me suis évadé une 2° fois, avec l’assistance des gens du STO, habillé, nourri et caché ; je suis resté caché dans Vienne jusqu’à l’arrivée des Russes qui nous ont libérés. »
Message du Président de l’Union nationale
suite au décès de Jean-Baptiste (nuit du 17-18 mars 2021)
Toute la famille des Rawa-Ruska est en deuil, Jean-Baptiste Canonici, membre du Comité directeur national, vient de nous quitter.
Je m’incline devant le soldat, le prisonnier de guerre insoumis, le résistant. Je salue son engagement sans faille au sein de « Ceux de Rawa-Ruska et leurs descendants » tant au niveau national que de son cher pays de Corse. Je respecte profondément l’homme, le militant qui a travaillé sans relâche, toute sa vie durant, à entretenir la mémoire de ses compagnons de misère du stalag 325.
Je regrette déjà de ne plus pouvoir être à son écoute lors de ses prises de paroles empreintes de bon sens et de respect de l’autre. Il aura été le dernier des Anciens à s’impliquer dans la vie de notre Union Nationale et à nous montrer le chemin.
J’adresse mes condoléances émues à sa compagne Brigitte, à sa famille, à ses proches ainsi qu’aux membres de l’Association Corse Alpes-Maritimes.
Jacques BRUMENT
Jean-Baptiste,
Comment oublier ton sourire fait de bienveillance, de compréhension, et d’amour de la vie. Malgré cette abominable expérience de Rawa-Ruska, tu savais te faire écouter de toutes les classes d’âge, encourager les initiatives et témoigner inlassablement pour tes camarades de captivité et de combat. Ton exemple nous stimule : rien d’autre à faire devant l’horreur que de résister, d’éloigner de soi la haine et surtout l’oubli.
Merci pour tout ce que tu as été, ce que tu as fait et pour susciter en nous le désir de mettre nos pas dans les traces des tiens.
Karen-Dominique VILLIAUME – 14 avril 2021
Jean Baptiste,
Lors de notre voyage à Rawa Ruska en 1976, tu étais parmi nous. Nous avons visité le camp et tu a partagé tes souvenirs avec nous. Ce fut un moment intense de ce voyage.
Merci à toi pour ton engagement auprès de l’association et pour ton accueil des descendants.
Michèle SIBIRIL – 29 mars 2021